Comment concevoir une formation à la fois efficace en présentiel, distanciel et hybride ?

Par le 7 janvier 2022

Oui, il est possible de concevoir une seule formation synchrone pour qu’elle soit efficace dans les trois modalités pédagogiques que sont le présentiel, le distanciel et l’hybride. Voici nos conseils pour optimiser la conception de vos formations.

Du jour au lendemain, crise du Covid-19 oblige, le monde de la formation n’a plus eu qu’une idée en tête : convertir des formations présentielles en formations à distance. Un important travail de réingénierie pédagogique a ainsi été mené. Même si elle a bousculé les habitudes de formation et balayé certaines croyances, cette crise sanitaire a été riche en enseignements sur la manière dont les concepteurs pédagogiques peuvent imaginer les formations de demain.

Et si, à l’avenir, il était plus judicieux de créer, dès le départ, une formation qui s’adapte au présentiel, au distanciel et au mode hybride ? Pour Sophie, consultante chef de projet chez Cegos, la question ne se pose même plus. « Jusqu’à la crise sanitaire, nous concevions une formation pour une modalité spécifique. Si le client souhaitait basculer dans une autre modalité, alors nous reprenions le travail d’ingénierie. Depuis la pandémie la question de la modalité n’est plus vraiment pertinente. Systématiquement, nous concevons une formation de sorte qu’elle soit déclinable en différentes modalités » explique-t-elle. Oui, mais comment ?

Concevoir la formation dans le mode le plus contraignant

Pour qu’une formation soit efficace dans les trois modalités pédagogiques, il est important de la créer en prenant d’abord en compte les contraintes du mode le plus exigeant. En l’occurrence : le mode distanciel, où l’apprenant est seul face à son écran. « La modalité à distance est celle qui offre le moins de souplesse dans la conception pédagogique. L’expression psychocorporelle et l’utilisation de l’espace sont des dimensions qui ne peuvent pas être intégrées », illustre Sophie. Concevoir une formation qualitative dans le mode le plus exigeant, c’est s’assurer d’avoir une bonne expérience apprenante dans toutes les autres modalités moins contraintes.

Il est aussi important de s’appuyer sur des techniques et outils réutilisables sans adaptation dans plusieurs modalités : « Beaucoup d’outils d’animation digitaux peuvent être utilisés à la fois en présentiel et à distance, notamment Wooclap, Klaxoon… Ainsi que des solutions conçues et développées par Cegos, qui trouvent leur place à la fois dans les salles de classe et les salles virtuelles», explique-t-elle.

Lire aussi : Les outils d’animation préférés des formateurs

Réfléchir à la valeur ajoutée de chaque modalité

« Qu’est-ce que le présentiel/le distanciel/l’hybride va permettre de faire de plus pour chaque apprenant ? ». C’est à cette question que doivent répondre les concepteurs pédagogiques. Lorsque l’on souhaite créer une formation qui s’adapte à plusieurs modalités, il ne s’agit pas de la dupliquer. Mais bien « de tirer profit des avantages qu’offre chaque modalité », indique Sophie.

  • La force d’une formation en présentiel, c’est la cohésion du groupe. Elle permet par exemple de faire des mises en situation physiques. Elle favorise les échanges entre les participants et permet de tirer parti du langage psychocorporel.
  • La classe virtuelle permet par exemple aux plus réservés de participer aux travaux de groupes. Autant capitaliser sur chacun de ces points forts pour que la formation soit qualitative, quelle que soit la manière dont elle est dispensée.

Les outils d’animation digitaux apportent, eux aussi, leurs lots d’avantages, qu’ils soient utilisés en présentiel comme en distanciel.


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Formaliser un seul déroulé pédagogique

Le déroulé pédagogique, c’est l’outil pivot qui se cache derrière les slides des animateurs de formation. « C’est un document qui guide le formateur dans son animation. C’est un peu comme le scénario d’un film. Il rappelle les objectifs pédagogiques de chaque séquence, décrit le déroulement de l’animation ainsi que le temps alloué à chaque activité et précise les outils utilisés… Le déroulé pédagogique est l’équivalent du plan d’une maison. S’il est fait dans les règles de l’art, la construction se déroule sereinement »,indique Sophie.

Lorsqu’une formation est conçue dans les trois modalités pédagogiques, il est inutile de décliner ce déroulé pédagogique en trois versions différentes. Cela évite les risques d’incohérence. Il doit être unique mais adapté aux différentes modalités. « Je recommande de ne pas ajouter de colonne spéciale par modalité, au risque de créer inutilement de la difficulté. Je privilégie plutôt un code couleur pour distinguer les variations possibles d’une modalité à une autre », indique-t-elle. Unifier ce déroulé permet aux entreprises de gagner du temps dans la conception de la formation, mais aussi plus tard lorsqu’il s’agira de la faire évoluer.

Privilégier les outils d’animation autonomes

Quelle que soit la modalité de la formation, il est intéressant de s’appuyer sur des outils d’animation autonomes, c’est-à-dire qui ne sont pas embarqués dans des plateformes de visioconférences. Ainsi, on peut animer cette formation avec les mêmes outils, de façon homogène, quel que soit l’environnement digital de l’utilisateur.

« Évitez les outils embarqués dans l’environnement du client ou les outils gratuits dont la pérennité n’est pas assurée et dont l’homogénéité d’utilisation par les animateurs est difficilement contrôlable. Chez Cegos, nous avons fait des choix d’outils indépendants ou maison. Ils nous offrent une souplesse d’animation, de partage entre animateurs et surtout une garantie de maintenance et d’évolution. Ce sont des conditions incontournables pour mener des projets de formation de qualité et robustes. Et ainsi, nous n’avons pas à reconcevoir une formation lorsque l’un de nos clients change de plateforme digitale, ou lorsqu’un animateur doit être remplacé au pied levé », explique-t-elle.


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Davantage de vigilance sur les formations en format hybride

Les formations qui se déroulent de manière hybride, c’est-à-dire lorsque les apprenants sont à la fois en salle et à distance, doivent faire l’objet d’une attention particulière. Dès la conception de la formation, plusieurs enjeux doivent être appréhendés : « Animer une formation avec plusieurs micros et écrans. Savoir se positionner physiquement dans la salle face aux participants, et dans le même temps, face à une caméra au plafond ou dans un coin ne s’improvisent pas. C’est la gestion de l’environnement spatial et technique qui doit, ici, être au cœur des préoccupations », explique Sophie.

Ce qu’elle conseille, c’est de prévoir, dès la construction de la formation, un second animateur en charge de la technique. Son rôle est notamment d’accueillir les apprenants en ligne qui sont en retard, les inviter à couper leurs micros… Bref, gérer toute la logistique que le formateur ne peut pas appréhender s’il souhaite rester concentré sur son sujet d’apprentissage. 

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Christelle Il y a 10 mois

Super article et excellents conseils.

Lorsque la pandémie a frappé en 2020, la formation à distance a explosé! Selon statistique Canada, l’apprentissage en ligne était une autre à laquelle de nombreux Canadiens (29 %) se sont livrés plus fréquemment pendant la pandémie, en particulier ceux aux études (75 %). La pandémie a changé nos habitudes, autant pour notre manière de travailler que pour notre manière de se former! L’explosion du télétravail et de la formation à distance s’est fait voir et les gens y ont pris goût!

De plus en plus de personnes ont profité de la pandémie pour suivre des formations à distance et ainsi améliorer ou développer de nouvelles compétences, augmenter leur savoir-faire et ainsi améliorer leur qualité de vie future. Maintenant que la pandémie est terminée, le mode hybride est devenu plus populaire!

Étant coach et formatrice marketing, je travaille avec des gens partout au Québec. Avant la pandémie, j’avais environ 80% de ma clientèle en mode présentiel et environ 20% en mode distanciel. Lorsque la pandémie est arrivée, plus personne ne se déplaçait. J’ai commencé à donner de la formation uniquement via Zoom pour mes clients.

Aujourd’hui, notamment dans les commissions scolaires, c’est le mode hybride qui est favorisé pour la formation aux adultes. J’enseigne des cours de démarrage en entreprise et ce sont des cours en hybride qui y sont présentées. C’est-à-dire que la formation se fait en classe devant quelques élèves et via Team pour d’autres élèves. Ce qui implique, pour l’enseignant, qu’il doit trouver la meilleure manière d’interagir avec les étudiants en classe et les étudiants à la maison.

On impose donc à l’enseignant d’adapter sa méthode d’enseigner. Cependant, il faudrait que les écoles investissent en technologie pour les aider à offrir adéquatement les formations en mode hybride.

La version hybride de l’enseignement en même temps, c’est-à-dire des étudiants en classes et d’autres à la maison durant le même cours demande d’utiliser une approche multimodale. En d’autres mots, de combiner différents modes de présentation pour maximiser l’efficacité de la formation. Pour les sessions hybrides, il faut prévoir des activités qui permettent aux apprenants en ligne de participer activement à la formation, autant que les étudiants en classe. Les cours doivent donc inclure des activités pratiques et participatives pour être efficaces, et ce, en interagissant également entre les personnes en classes et ceux à la maison.

Les technologies sont florissantes et l’intégration dans nos systèmes scolaires une nécessité, surtout lorsqu’on utilise le mode hybride. L’intégration des nouvelles technologies mélangée à l’aménagement des salles de classe permettrait de mieux favoriser l’apprentissage. La technologie a permis d’instaurer des approches pédagogiques qui favorisent l’acquisition de nouveaux savoirs et savoir-faire. Par exemple, en investissant dans un ordinateur fixe, positionné sur le bureau du professeur, permettant de projeter sur un tableau blanc en face de celui-ci, les élèves qui sont à la maison, ainsi qu’un système de micro et de haut-parleur qui permettrait de mieux comprendre l’enseignant et que les élèves en classes entendent facilement les questions de ceux à la maison. L’écran, positionné au centre de la classe, avec des élèves assis de chaque côté, permettrait d’améliorer la perception que tout le monde est dans le même espace.

Comme l’explique Sophie dans votre article, c’est la gestion de l’environnement spatial et technique qui doit être au cœur des préoccupations. L’enseignant doit réapprendre à occuper l’espace en fonction des deux environnements de travail, mais sans investissement de la part de l’école, l’enseignement devient plus difficile.

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Kathy Il y a 2 années

Superbe article Aurélie.
Il est vrai que la pandémie a transformé le portrait et les procédés de formation dans les entreprises. Il a fallu en effet revoir l’ingénierie derrière la formation et trouver des façons de sauver des coûts, tout en se questionnant pour ne pas devoir tout « jeter aux poubelles et recommencer ». Alors oui, l’idée de réaliser des formations qui sont applicables autant en présentiel, en virtuel et en hybride est la clé du succès autant pour la formation que pour l’employabilité de l’entreprise.
Si la pandémie a poussé les entreprises à repenser la façon de former ses employés, elle a aussi permis, par le mode virtuel et la possibilité de télétravail, d’acquérir plus d’employés et développer sa main-d’œuvre et ce même à distance. La nouvelle tendance de formation en virtuel en entreprises a permis à un plus grand nombre de personnes, surtout les jeunes mères de famille, d’effectuer un retour au travail. Facilitant la conciliation travail-famille, la formule de formation en entreprise, quand cela le permet, est très intéressante.

Comme vous le disiez, il est en effet très important d’aller chercher le positif de chacun des modes de formation afin d’en faire la meilleure formation possible. Au-delà d’une formation bien ficelée qui s’adaptera bien dans l’un ou l’autre des modes de diffusion, il est primordial de garder en tête qu’il faudra bien encadrer les formateurs, même les plus chevronnés. La gestion de groupe n’est totalement pas pareille selon le mode de formation. Il est donc primordial, au-delà des coûts que l’entreprise peut sauver sur la conception des formations, que les formateurs soient agiles et bien entourés. Les formateurs habitués aux formules en présentiel qui se lancent dans l’animation et la gestion d’un groupe en virtuel vont, bien souvent, frapper un mur. En présentiel, les distractions sont moins grandes. Tout le monde est dans la même salle de classe ou de conférence et les cellulaires sont souvent dans le fond des sacs… et on s’entend, il est beaucoup plus gênant pour un participant de regarder son appareil mobile quand l’interlocuteur se trouve à quelques pas de lui. La virtualité apporte, quant à elle, beaucoup plus de distractions et la ligne entre la vie personnelle et le travail devient très mince. Il est facile de partir un lavage, ouvrir la télévision, avoir de la musique, etc. parce que l’apprenant est seul. Le formateur doit alors être bien outillé afin de garder en tête que ses participants peuvent être distraits par des choses qui sont hors de son contrôle. Il se doit d’être un expert du paraverbal et un maître de la gestion de classe afin de garder l’attention de tous au maximum.
C’est là que la conception et l’idée d’avoir une formation adaptable à chacun des modes de présentation doit être faite en gardant en tête que le temps des activités doit être court, afin de garder l’attention, et elles doivent surtout être variées. Elles doivent inclure des discussions, des lectures, des échanges, des activités en grand groupe, en petit groupe. L’alternance entre les diverses activités va permettre la création d’un rythme qui assurera le succès de la formation… les apprenants ne doivent pas tomber dans l’ennui, sinon peu importe le mode ce sera un échec!

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Nathan Il y a 2 années

Super merci, article de qualité, en espérant que vous pourrez échanger avec nous sur Public Formation

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amd Il y a 2 années

c’est un article intéressant. Je vous invite aussi à visiter le site https://ihegc.com/ pour avoir une idée en tous ce qui concerne les formations.

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Pereira Il y a 2 années

Cet article prône le bon sens, mais comme l’indique le premier commentaire, il reste que c’est un exercice difficile et qui n’est pas à la portée de tous.
Je m’autorise à le compléter avec la proposition d’un application d’aide à l’écriture des formations qui pourrait intéresser notamment les novices. http://learnspirit.fr

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Christophe Rylewski Il y a 2 années

Et du coup, on fait quoi ? Beaucoup de mots pour aucune solution…
Merci Sophie et très bonne année 2022 !

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