Comment l’IA va changer le métier de formateur ?

Par le 20 octobre 2020

Aujourd’hui, il existe de nombreuses données issues des parcours de formation. Elles permettent de mieux connaître son parcours d’apprentissage et ainsi mieux environner les apprenants dans leurs formations. Dans le futur ces données et bien d’autres alimenteront une IA qui fera considérablement évoluer le métier de formateur. Êtes-vous prêt ?

Avant toutes choses, définissons l’intelligence artificielle dont nous parlons. Il s’agit d’une IA forte, c’est-à-dire capable de produire des réflexions, de comprendre un contexte et de développer ses propres raisonnements. Cette IA interviendra à chaque étape du processus d’apprentissage.

L’IA et le développement des dispositifs de formation

Rationaliser le développement des parcours de formation est un enjeu important pour les entreprises. Selon la HCM Technology study de la Brandon Hall Group, 18 % des organisations, à l’échelle mondiale, se sont lancées dans l’automatisation du développement des parcours. L’IA permettra d’aller beaucoup plus loin dans l’automatisation.

Nous pouvons imaginer que demain, l’IA saura :

  • nous aider à mieux comprendre la demande d’un commanditaire (analyse textuelle du cahier des charges, par exemple) ;
  • repérer les occurrences d’un contenu de formation disséminé dans différents objets d’apprentissage, et aider à normaliser ce dernier en repérant la version la plus performante ;
  • capter le contenu d’un expert et le « pédagogiser » sans intervention humaine.

L’IA et l’amélioration continue des parcours de formation

Les nombreuses données collectées dans les plateformes fournissent, pour certaines, déjà de précieuses informations aux formateurs. Ils peuvent ainsi davantage jouer un rôle d’e-coach qui soutient l’apprentissage dans la durée (verbalisation des acquis, renforcement des grains d’apprentissage utiles individuellement, encouragements pour soutenir l’effort…).

L’IA permettra d’avoir une lecture encore plus fine des comportements des apprenants, facilitant le repérage des actions/phases à haute valeur ajoutée et à l’inverse les moments clés de décrochage.

Les 6 attributions possibles d’un assistant que l’on nommera AITA (Artificial Intelligence Teaching Assistant) :

  1. Suivre en détail les progrès des apprenants au fur et à mesure de l’évolution de l’apprentissage et de l’enseignement. Le changement le plus puissant qu’elle apporte est sans doute le bannissement des tests et des examens, puisque l’évaluation se fera en continue.
  2. Adapter les modalités en fonction des moments de la journée, selon la chronobiologie. En captant certains signaux vitaux des apprenants, l’AITA alerterait les formateurs, et suggérerait des changements de rythmes en cas de baisse de vigilance ou de moments de fatigue.
  3. Créer les groupes d’apprenants/formateurs les plus appropriés, sur la base d’une connaissance fine du profil et des caractéristiques de chacun et selon les préférences d’apprentissage.
  4. Suggérer la méthode d’apprentissage la mieux adaptée au sujet et aux motivations individuelles. Aider les élèves qui ont besoin d’aide supplémentaire, par exemple en leur offrant du tutorat, en préparant et en mettant en œuvre des programmes de rattrapage, par exemple dans le monde de l’éducation.
  5. Dégager les formateurs de tâches répétitives afin de les aider à se repositionner en actions d’accompagnement sur des tâches complexes.
  6. Tenir à jour des dossiers d’élèves complets et corrects.

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Les membres du Cluster innovation by Cegos expriment aussi l’intérêt de ces learning companions : “Dégager les éducateurs de tâches répétitives afin de les aider à se repositionner en actions d’accompagnement sur des tâches complexes. L’AITA proposerait des challenges pour stimuler l’engagement. Ce serait un coach, qui apprendrait ce qu’on aime/n’aime pas en le captant sur les réseaux sociaux, un mentor, un tuteur qui questionne et répond et apporte des grains d’apprentissage. Il apporterait du feedback positif qui récompense et fournirait l’accès à ce qui intéresse dans les contenus et à des ressources fiables.”.

Si certains terrains de jeu comme l’adaptive learning sont déjà ouverts, par exemple avec Domoscio. D’autres, tels que les Learning Companions ou les Teaching Assistants sont encore embryonnaires, mais avec une accélération probablement très forte dans les années qui viennent. Le potentiel est énorme, mais ne doit pas occulter les risques associés à la mise en œuvre de ces solutions.

L’IA à la place des formateurs ?

C’est une peur fréquente quand on parle d’I.A. Mais qui n’a pas sa place. Dans leur article A.I. Is the New Teaching Assistant in the Classroom, Rose Luckin and Wayne Holmes décrivent une situation dans laquelle les professeurs/élèves/parents vivent et travaillent aux côtés de machines intelligentes. Même vision avec Garry Kasparov, qui, dans son Ted talk, mentionne que les meilleures équipes aujourd’hui ne sont plus ni humaines, ni robotiques, mais composées d’un mélange d’humains et de robots. Ce sont leurs compétences conjuguées qui font la différence !

Retrouvons ici Nora Yennek, membre du Cluster innovation by Cegos, qui nous indique aussi des terrains de jeux explorés en matière d’IA :

Ce billet a été écrit par Fabienne Bouchut, chef de projet Innovation et François Debois, Head of L&D Innovation au sein de Cegos.

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Elliot Boucher Il y a 4 années

Vraiment intéressant !

Cela dit, le terme IA est un peu galvaudé. Si on regarde les courbes d’apprentissage de l’IA, bien qu’il y ait de belles avancées, il y a de la marge. Les formateurs sont tranquilles pour un bon moment… tant qu’il y aura une part de créativité dans les formations données.

Je rejoins Patrick Remont sur le fait que l’IA peut aider le formateur, mais pas remplacer l’expert.

Plus qu’à voir ce que l’avenir nous réservce !

Elliot,

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Patrick REMONT Il y a 4 années

J’ai lu ce billet avec énormément d’intérêt ! En effet, je suis convaincu depuis longtemps que les technologies IA peuvent prendre une place justifiée et même nécessaire dans de nombreux dispositifs de formation. Il n’est bien sûr pas question à mes yeux de remplacer l’humain, mais bien au contraire de l’aider dans sa tâche toujours plus difficile, celle d’être pertinent au bon moment, au bon endroit, avec une disponibilité maximale mais…limitée ! Il en découle un appel à l’IA, un outil basé sur l’enrichissement permanent, avec un certain degré d’autonomie qui n’exclut ni le contrôle, ni les ajustements indispensables.
Utiliser l’IA n’est pas seulement dans l’air du temps : elle est déjà depuis longtemps dans l’évolution logique de nos apprentissages, au travers de nos simples recherches sur internet, au cœur des mots-clés, dans le rythme des notifications de plate-formes diverses qui nous incitent à communiquer.
L’IA, outil de digital learning par excellence, saura décupler l’envie d’apprendre de l’apprenant, lui permettra d’aller plus loin, et donc d’interroger le maillon ultime et irremplaçable : l’expert.

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Guimard Il y a 4 années

Bonjour, article intéressant mais loin des réalités du terrain.
Si on laissait un peu plus de souplesse aux formateurs, on ferait bien mieux qu’une alliance avec l’IA qui va encore demander un investissement supplémentaire.
Je pense que le bon formateur fait déjà des contrôles continus, fait déjà des dossiers de suivis corrects et adapte son offre aux besoins du prestataire, entre autres…
Étant consultante et formatrice, c’est la partie administrative uniquement que j’aimerais déléguer à l’IA, l’écoute du formateur et les émotions des apprenants tout au long d’un parcours n’ont pas besoin de l’IA. C’est la capacité du formateur à s’adapter en permanence qui est la clé d’une bonne formation selon moi.

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