Formateurs, comment concevoir une classe virtuelle ?

Par le 23 avril 2020

Dans un précédent billet nous nous demandions comment animer une classe virtuelle. Être attentif aux participants, mettre de la chaleur et de l’enthousiasme dans sa voix, susciter la participation… c’est bien. Mais cela ne suffit pas. Une classe virtuelle doit être conçue avec précision, pour susciter l’engagement et faciliter une animation fluide.

classe virtuelle

Une classe virtuelle n’est pas un webinaire

Un webinaire est destiné à communiquer des informations, éventuellement à échanger et discuter. L’intention dominante est de partager des informations.
Une classe virtuelle appartient à l’univers de la formation, du développement des compétences. L’intention dominante est de faciliter les apprentissages des participants.
Cette intention doit porter votre conception, guider votre réflexion en terme de durée, de rythme, de techniques pédagogiques.

Exploitez à fonds les possibilités offertes par l’application de classe virtuelle que vous utilisez

Brice Bragato, de Live Session, montre bien quelles sont les fonctionnalités à partir desquelles il faut apprécier une solution de classe virtuelle dans ce billet.
Par expérience, la conception est beaucoup plus précise et l’animation plus interactive et fluide quand, au-delà des fonctionnalités de base de « réunion à distance », la solution de classe virtuelle permet :

  • de charger des fichiers de différents formats dans la salle, d’afficher simultanément un document et un module de chat ou une application,
  • permettre de donner la main aux participants pour annoter un document, écrire sur un « tableau blanc », échanger non seulement à l’oral mais aussi à l’écrit via des modules de conversation, de notes ou de questions réponses,
  • de générer des sondages,
  • de scinder le groupe d’apprenants en sous-groupes, qui pourront travailler ensemble puis revenir en grand groupe pour  la synthèse et les échanges,
  • la solution Adobe Connect permet en outre de préparer ses séquences et ses ressources dans une salle disposant d’une adresse dédiée, où toute la conception sera capitalisée. Ceci est très confortable lorsque l’on conçoit une classe virtuelle qui a vocation a être animée plusieurs fois.

Pour un comparatif des solutions https://elearningindustry.fr/top-10-systemes-visioconference.
À la liste établie par elearningindustry, il faudrait ajouter ZOOM, solution très prisée par le monde éducatif, mais aussi par certaines grandes entreprises. Cependant, Zoom a eu quelques petits soucis liés à la confidentialité des données, mais tout semble rectifié aujourd’hui.

Si vous pouvez choisir l’outil que vous utilisez, faites donc un comparatif soigneux en tenant compte des spécificités de votre projet (nombre d’apprenants en ligne simultanément, durée prévue, récurrence de l’évènement, accès gratuit ou payant, etc.). Si cet outil vous est imposé, explorez-en toutes les fonctionnalités, consultez les tutoriels, avant de commencer votre conception.


À lire >> Formateurs, comment animer une classe virtuelle ?


Donnez du temps pour que chacun se sente bien

Dans le billet précédent, nous évoquions la nécessité, plus forte encore en classe virtuelle qu’en présentiel, de sécuriser et d’accueillir chacun.

Avant l’heure de démarrage prévue, prévoyez un « sas d’accueil », avec la possibilité de poser des questions, se présenter par écrit, répondre à un sondage…

Au début de la classe virtuelle, préservez une plage de temps de 15 mn environ pour la prise de connaissance de l’environnement technique, l’assistance à la résolution de problèmes de connexion. Intégrez une image pour poser les règles de vie. Présentez les interactions que les apprenants ont à leur disposition, faites les leur expérimenter : micro, vidéo, chat, tableau blanc…

Votre conception doit intégrer le fait que tous les apprenants ne sont pas familiers du système que vous utilisez, ni du fait de communiquer à plusieurs et d’apprendre avec d’autres, mais à distance. Il est donc très important de prévoir du temps, pour accueillir, permettre aux uns et aux autres de faire connaissance, indiquer aux participants comment activer les fonctionnalités de leur côté : micro, vidéo, chat… Intégrez pour cela des copies d’écran, des supports spécialement conçus pour présenter les commandes, fixer les règles… Et réservez du temps : tout le monde doit se sentir bien avant que l’animateur n’entre dans le vif du sujet.

À la fin, prévoyez également une phase de « déclusion » de 10 mn minimum, pour recueillir les évaluations, présenter le travail à réaliser pour la prochaine fois, les ressources à consulter…

Rythmez votre classe virtuelle !

Fixez vous une règle. Jamais plus de 10 mn d’apport magistral à la suite. Et si possible, essayez de limiter à 8 mn à chaque fois. C’est vrai en présentiel. Cela l’est encore plus en classe virtuelle, où les apprenants perdent beaucoup de votre communication non verbale. Votre conception doit donc prévoir des changements d’activité fréquents.


À découvrir >> Carte heuristique : comment présenter visuellement vos idées ?


Adaptez votre conception à l’objet de la classe virtuelle – et au nombre de participants

Il y a des classes virtuelles centrées sur l’appropriation de connaissances, ou de savoir faire. D’autres sur le partage de pratiques. D’autres enfin sur le tutorat, l’accompagnement individuel ou de petits groupes… Bien sûr, votre conception sera différente suivant l’objectif visé. Dans le premier cas, une part plus importante sera dédiée à la présentation d’informations, aux exercices. Le partage de pratiques, le tutorat, amène plus souvent à donner la main aux apprenants pour qu’ils montrent leur production, ou à simplement mettre les vignettes vidéos en grand format pour recréer le plus possible de sentiment de proximité.
Au-delà de 8 participants, prévoyez que l’animateur devra gérer simultanément des interactions écrites et des interactions orales. Ayez donc systématiquement un module de « tchat » à l’écran.

Soyez créatifs !

Le bon équilibre à trouver se situe entre la créativité et la simplicité : il ne faudrait pas que votre classe virtuelle se transforme en un « gymkhana » entre trop d’applications différentes pour vos apprenants.

On l’a vu, les solutions les mieux appropriées « embarquent » la génération de sondages, des modules de conversation, de questions réponses … Ces niveaux d’interactivité peuvent suffire. Par exemple, vous pouvez intégrer une image, un photo-langage, une vidéo, et faire réagir les participants dessus à l’oral et à l’écrit. Générer une discussion, un partage de connaissances, sur deux ou trois modules de conversation affichés simultanément… Organiser des jeux où l’un propose une idée, l’autre donne la suite, puis un autre…

Pensez aussi à la fonction « Partage d’écran » pour permettre aux apprenants d’accéder à d’autres niveaux d’interactivité : par exemple répondre à un QCM, donner son opinion, trouver sur l’image, faire un nuage de mots tous ensemble, prioriser, deviner un nombre, ordonnancer, apparier… avec Wooclap, construire un tableau collaboratif avec Padlet, ou encore une carte mentale ou tout autre document collaboratif…

Là encore, donnez-vous une règle, par exemple pas plus d’un outil « hors outils intégrés à la solution utilisée » par classe virtuelle.


Suscitez la participation active et l’engagement de vos participants dans vos classes virtuelles avec la formation : 3 h chrono pour animer une classe virtuelle


N’oubliez pas que l’apprentissage est un processus qui se situe dans le temps

En amont, mettez les contenus à disposition de vos participants, faites les s’interroger sur leurs objectifs, leurs connaissances préalables, leurs questions.

Prévoyez plusieurs classes virtuelles pour un même objectif pédagogique global, entre chaque temps fort des travaux à faire, individuellement ou à plusieurs. Donnez la main aux apprenants pour qu’ils présentent leurs productions, des grilles d’écoute des restitutions aux autres pour que leur observation soit formative…

Formalisez votre conception par écrit

Animer une classe virtuelle, c’est passionnant… et fatiguant. Il y a les problèmes techniques, l’attention soutenue que l’on doit porter aux interactions écrites, orales, et aussi à ceux qui n’interagissent pas et qu’il faut aller chercher… Donc en tant que concepteur, et surtout si d’autres que vous vont animer, et que l’évènement sera récurrent, il est impératif de mettre par écrit votre conception de manière très précise. Ceci afin de donner un fil conducteur qui permettra à l’animateur de vérifier qu’il est dans les temps, et d’anticiper sur l’activité à suivre.

La maille de la conception est fine, comme ici dans le guide animateur des 20 premières minutes d’intégration :

Concevoir une classe virtuelle, c’est plus que jamais se centrer sur l’apprenant.

Autre dossier sur le même thème

Laisser un commentaire

Avatar

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Avatar

LAPIERRE Marie Jo Il y a 3 années

je suis nouvellement formatrice professionnelle adulte, et j’ai besoin d’aide dans comment préparer les séquences pédagogiques.
merci

Répondre
Avatar

KARINE BELLIARD Il y a 4 années

La pandémie de la COVID-19 a obligé les enseignants au collégial et à l’université à passer massivement d’un mode exposé magistral en présentiel à un mode école à distance par l’entremise de classe virtuelle synchrone. Il y a une multitude de méthodes permettant d’animer avec succès sa classe virtuelle. Quelques-unes étant : prendre le temps d’accueillir les participants, établir un rythme d’environ 8 à 10 minutes d’apport magistral à la fois et inclure des outils d’animation interactive dans la séance pour susciter la participation des étudiants. L’essentiel dans ceci c’est de maitriser les outils avec lesquels nous travaillerons et qui nous permettront de transmettre les éléments d’apprentissage associé aux compétences visées afin de dynamiser notre enseignement et de susciter l’engagement des étudiants dans leur processus de formation. Depuis le début des années 80, une multitude de programmes ont été mis en place pour promouvoir l’introduction des TIC dans les écoles. Malgré ces efforts, la situation de crise sanitaire que nous vivons actuellement a mis de l’avant les grands déficits en matière d’utilisation des technologies dans l’enseignement fait dans nos institutions. Étant d’une nature optimiste, je me dis que voilà un impact positif de la pandémie sur notre société. Elle aura forcé la mise en place de méthode d’enseignement incluant les TIC et la formation intensive des enseignants à leur utilisation aux quotidiens dans leur classe. Par l’entremise des classes virtuelles, les étudiants pourront acquérir plus d’autonomie dans leurs apprentissages et la maitrise de divers outils technologiques mis à leur disposition. N’était-ce pas là l‘objectif qui devrait être poursuivi par l’ensemble du réseau scolaire? « Le développement d’un pays suppose en particulier que sa population active soit capable d’utiliser des technologies complexes et de faire preuve de créativité et d’esprit d’adaptation, aptitudes qui dépendent pour une grande part du niveau de formation initiale des individus. » (Delors, J., 1990, p. 188)

En formulant ce commentaire je ne désire absolument pas lancer de roches aux enseignants, de qui la tâche est colossale, mais je salue plus tôt l’injection de fonds qui ont permis aux écoles d’acheter le matériel nécessaire à la transition et la mise sur pied de programme de formation intensif et de soutien technique pour les enseignants. Le soutien technique étant, selon Alain Beaulieu dans son texte Les TIC à l’école : faut-il s’inquiéter? l’un des principaux facteurs décourageant l’engagement des enseignants envers les TIC, je me réjouis grandement de cet apport à notre système d’éducation.

Médiagraphie
• Beaulieu, A. (2006). Les TIC à l’école : faut-il s’inquiéter ? https://www.directioninformatique.com/les-tic-a-lecole-faut-il-sinquieter/14083
• Delors, J., (1990) Chapitre 8 : Choix pour l’éducation : le rôle du politique., L’Éducation, un trésor est caché dedans, Rapport à l’UNESCO de la commission internationale sur l’éducation pour le vingt et unième siècle (p. 175-204). Paris : UNESCO et Éditions Odile Jacob.

Répondre
    Mathilde Bourdat

    Mathilde Bourdat Il y a 4 années

    @Karine Merci de votre contribution. Il y a deux domaines à maîtriser lorsqu’on anime une classe virtuelle : la maîtrise de l’interface technique, et les techniques de formation active. De mon point de vue, l’accompagnement des intervenants doit se situer à ce double niveau.

Avatar

Jerome Il y a 4 années

Bonjour Isabelle, actuellement je suis des formations sur ce site https://master-business.net/fr/?aff=5993 c’est un format Netflix mais de la formation. Je le partage avec mes élèves et c’est une très belle manière d’offrir des formations de qualité.
En espérant vous avoir aidé, bonne journée à vous.

Répondre
Avatar

Isabelle Méténier Il y a 4 années

Bonjour
est-ce que je peux avoir de l’aide pour les outils virtuels ou la conception ? Sinon je me débrouille, mais autant profiter de l’expérience de ceux qui connaissent 😉
Merci
Isabelle

Répondre
Avatar

hocine Il y a 4 années

Un espace fort utile pour communiquer et patager le savoir; d’ailleurs dans le même esprit de communication cliquer sur ce lien :

https://tinyurl.com/y9btssnw

Et bonne continuation.

Répondre
Avatar

Sanae Il y a 4 années

Bonjour,
Je vous remercie pour ces informations détaillées et très intéressantes.
La classe virtuelle est une excellente technique pédagogique pour transmettre des savoirs simples en un laps de temps très court et à travers le monde entier. Elle permet de supprimer les déplacements des apprenants en formation et du formateur et devient donc assez flexible. Elle garde toutefois l’interaction importante dans l’apprentissage car elle privilégie les méthodes transversales qui sont basées sur l’échange. Comme vous l’avez mentionné le bon équilibre à trouver se situe entre la créativité et la simplicité.

Répondre
Avatar

Christophe Il y a 4 années

Merci pour cet article très concret et qui permet d’initialiser une réflexion sur ce qui pourrait être la norme dans les années à venir : former à distance, tout comme « télétravailler », devrait générer des gains pour les entreprises et des réductions de trajets et donc d’émissions de gaz à effet de serre.

Répondre
Avatar

Arnauld de nadaillac Il y a 4 années

Bonjour de Thailande Mathilde !
Merci pour le blog que je lis toujours depuis toutes ces années…
Içi, j’ai des clients qui commencent à imaginer qu’on peut remplacer toutes les formations par du virtuel.. !
J’aime bien le 8-10 minutes, je trouve que le planning des activités est vraiment important dans ces interventions très courtes mais pas facile à contrôler…Bonne continuation !
Arnauld

Répondre
Avatar

COSTA Fabienne Il y a 4 années

Bonjour Mathilde, conseils précieux à prendre et à exploiter dans ces moments où il faut réinventer nos modèles de formation en préservant les rapports humains dont on sait qu’ils sont essentiels pour inciter/favoriser/accompagner les apprentissages. Merci et voyons comment transformer….

Répondre

Abonnez-vous au blog

Afin de vous abonner et pour des raisons de sécurité, votre navigateur doit accepter les cookies et le JavaScript.