Apprendre à apprendre – Soutenir son mémoire

Par le 2 mai 2017

Ça  y est, vous avez rendu votre mémoire écrit. Accordez-vous un peu de détente, mais pas trop ! C’est le moment de préparer votre soutenance !

La soutenance peut être source de frustration. Ce travail intense que vous avez fourni pour votre mémoire, toutes ces notes, ces fichiers, ces heures passées… tout cela pour aboutir à un temps de présentation et d’échanges qui va passer très vite. Ce temps dont vous disposez, aussi court soit-il, vous souhaitez en faire l’acmé de votre parcours, son point culminant. Pour cela, il importe de se préparer soigneusement. Quelques ressources peuvent vous aider.

Apprendre à apprendre – Soutenir son mémoire

1. Partez des critères d’évaluation de votre certificateur

Hélène Weber écrit dans son billet Comment préparer la soutenance de son mémoire :

«  Là où j’enseigne actuellement, les étudiants de première année sont à 75% évalués sur des critères de forme : durée chronométrée de cinq minutes à respecter, PowerPoint obligatoire avec trois diapos (ni plus ni moins), diapos aérées, titres explicatifs, etc. Tant et si bien que si l’étudiant respecte avec précision ces critères de forme, il est déjà assuré d’obtenir plus de 15/20. »

Il importe donc de vous informer précisément des critères de votre jury :

  • la durée de la soutenance, sa chronologie,
  • les éléments sur lesquels vous serez évalué(e).

Pour l’Executive Master Management de la Formation, par exemple, ces critères sont les suivants :

  • qualité d’expression, de communication,
  • respect du timing (15 minutes de présentation par l’étudiant/15 minutes d’échanges, en réponse aux questions du jury),
  • qualité et pertinence des supports,
  • réactivité dans la réponse aux questions.

2. Renoncez à tout dire, exprimez l’essentiel

Vous avez beaucoup travaillé, et vous aimeriez partager l’évolution de votre réflexion, vos difficultés, les lectures et apports passionnants qui ont éclairé votre chemin. « Quand tu parles, aie pitié de celui qui t’écoute !» dit un proverbe africain. Prenez un instant le point de vue de votre jury. Selon la réglementation du diplôme que vous présentez, votre tuteur, ou professeur référent, est peut être présent. Lui (elle) connait bien votre travail, les autres membres ne l’ont découvert qu’à travers la lecture de votre mémoire. Un parmi de nombreux autres. Leur besoin est une présentation synthétique, claire, qui montre que vous vous êtes approprié les éléments clés de méthodes et de contenus, que vous avez mis en œuvre les compétences essentielles visées par le diplôme qu’ils certifient.

Alors, comme le conseille Franck Vidal dans la vidéo ci-dessous, il vous faut « extraire l’essentiel ». Vous pouvez par exemple adopter le plan suivant :

  • le contexte,
  • la question que vous vous êtes posée, la problématique,
  • vos hypothèses de travail,
  • la méthode que vous avez employée,
  • vos résultats,
  • vos propositions, à aujourd’hui, pour aller plus loin.

Regardez par exemple la présentation d’Andrea Iacob ci-dessous pour le Master 2 « Communication stratégique et marketing ».

« Tout cela en 15 minutes ? » vous dites-vous peut être. C’est possible, à condition d’établir un scénario précis et chronométré de votre présentation. De prendre du recul par rapport à votre écrit pour rechercher les idées clés. Franck Vidal, dans la vidéo ci-dessus, recommande d’élaborer le « storyboard » de votre présentation.

3. Soyez vous-mêmes

Il m’arrive, en écoutant une soutenance, d’avoir la désagréable impression d’avoir entendu pratiquement la même de nombreuses fois. Mêmes expressions, mêmes schémas… C’est d’une appropriation qu’il s’agit, pas d’une répétition. Votre « matériau conceptuel» est bien sûr largement issu des cours, ou vos lectures. Mais vous montrerez que vous l’avez vraiment compris si vous êtes capable de le reformuler dans vos propres mots, en l’appliquant à votre contexte. Au travers de votre soutenance, faites ressortir la personne que vous êtes, votre esprit critique, vos projets.

4. Soignez les visuels

Il vous est souvent d’appuyer votre présentation par des visuels. Si vous optez pour des diapositives type « PowerPoint », vous pouvez vous inspirer des conseils de ce tutoriel pour votre mise en forme. En un mot : de vrais visuels destinés à soutenir votre discours (des graphiques, des images, des schémas ) , et pas du texte destiné à vous rassurer.


5. Soignez votre expression orale

Regard, position du corps, articulation, rythme, niveau de langage… tout compte. Entraînez-vous, tout seul (par exemple devant la vidéo de votre ordinateur, ou ne serait ce qu’en vous enregistrant). Cela vous permettra d’intégrer les durées de chaque partie de votre présentation. Demandez à des auditeurs critiques et bienveillants de repérer vos tics de langage (les « euh… », les « un petit … ») qui agacent, et de vous signaler les phrases qui ne veulent rien dire.

Répétez, répétez. Et regardez, pour vous aider et vous détendre un peu, les vidéos d’Emmanuel Chila :

6. Soignez les détails

Connexion, sauvegardes, versions de logiciels, batteries… : cette vidéo d’Emmanuel Chila vous aidera à penser à tout !

7. Restez ouverts

C’est presque une injonction paradoxale. Intégrer un timing précis, faire une préparation millimétrée … et en même temps rester ouvert, attentif aux membres du jury, en interaction avec eux. En confiance pendant votre temps d’exposé, mais aussi pendant le temps d’échange. Partez du principe que les questions du jury ne sont pas des « pièges », mais un moyen de clarifier un point de votre mémoire, ou encore un vrai désir d’approfondir. Le pire serait de vous mettre sur la défensive. Si une remarque vous paraît, à la réflexion, justifiée, admettez le. Si vous pensez avoir de bons arguments pour défendre votre position, énoncez les calmement.

Très belles soutenances à tous !

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Angèle EDOUARD Il y a 3 années

Merci beaucoup de vos présentations. Je sais que je vais avoir du boulot car je suis nulle en PowerPoint. Je vais m’accrocher.

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El yaagoubi Ahmed Il y a 6 années

Un blog digne d’attention et de suivi pour son contenu et sa structure.Je félicite son auteur qui parait être partisan de l’innovation et d’une pédagogie sans frontières.
la formation en didactique et en pédagogie du fls et du fle
http://lewebpedagogique.com/ahmedelya/

http://lewebpedagogique.com/ahmedelya/

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    Mathilde Bourdat

    Mathilde Bourdat Il y a 6 années

    @El Yaagoubi Ahmed Merci pour votre retour très encourageant et pour les liens !

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moussa hamadou Il y a 7 années

Bonjour je un mémoire de fin de cycle qui et problamatiques de la construction de digue de 5808ml.comment répondre au questions de membres de jurés ???

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    Mathilde Bourdat

    Mathilde Bourdat Il y a 7 années

    @Moussa Hamadou N’ayant aucune connaissance en matière de construction de digues, je ne peux que vous conseiller de préparer des fiches de synthèse sur les points clés de votre mémoire, et de répéter avec un collègue qui sera en charge de vous poser les questions techniques les plus pointues ! Tous mes voeux de réussite vous accompagne.

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Mélanie Ducelliez Il y a 7 années

Article bien utile comportant de précieux conseils… surtout à J-1 de ma soutenance !

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    Mathilde Bourdat

    Mathilde Bourdat Il y a 7 années

    @Mélanie Merci, avec tous mes vœux de réussite 🙂 !

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Noémi Pineau (Study’sup) Il y a 7 années

Article synthétique et utile, bien entendu également pour la formation initiale. Merci!

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    Mathilde Bourdat

    Mathilde Bourdat Il y a 7 années

    @Noémi Pineau Merci de votre retour !

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Bruno Callens Il y a 7 années

El mzari Abdelkebir
Deux ouvrages que je peux conseiller bien que relativement anciens (mais il y a peut-être des éditions récentes).
Le premier est un petit livre de Michel Beaud intitulé « l’art de la thèse » publié aux Editions La Découverte . La dernière édition semble dater de 2006 mais peut-être existe-t-il une encore plus récente.
Le second est un ouvrage assez fouillé de Simone Dreyfus intitulé « La thèse et le mémoire de doctorat. Etude Méthodologique » publié aux Editions Cujas. Notez que cette livre s’adresse principalement aux juristes.
C’est toutefois à mon sens le plus intéressant. L’édition que je possède est en partie obsolète : elle date de 1984 . A cette date , Internet n’existait pas et l’informatique personnelle était encore balbutiante. Toutefois, ce livre assez fouillé (500 pages pour l’édition de 1984), même avec une édition ancienne peut rendre de précieux services lorsque l’on rencontre certaines difficultés. Il semble y avoir eu des rééditions plus récentes mais je n’ai pas vérifié. En espérant vous avoir été utile.

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Bruno Callens Il y a 7 années

Il s’agit ici de conseils relatifs à une soutenance de mémoire. Il convient toutefois de noter que s’agissant d’une soutenance d’une thèse de doctorat, les choses sont un peu différentes et ne répondent pas tout-à-fait aux mêmes exigences.

Le « timing » n’a ici guère d’importance. Il n’y a pas de durée définie a priori.

Une soutenance de thèse c’est d’abord et avant tout un débat qui s’engage entre le jury et le futur impétrant précédé d’une « introduction ».

Et cela peut durer. Si je me réfère à ma propre expérience, celle-ci a duré plus de 5 heures.

Pour ce qui est du Powerpoint (je préfère Libreoffice Impress – honneur aux logiciels libres), il faut quand même bien voir que très souvent les lieux ne s’y prêtent pas (encore que cela peut varier d’une discipline à l’autre).

Cela se déroule dans une « salle des Actes » auquel le public a accès.

Très concrètement une soutenance de thèse ressemble à s’y méprendre à l’audience d’un Tribunal, « juges » en toge y compris (rouge avec beaucoup d’hermine !).

Le candidat prend la parole en premier. IL s’agit d’une présentation, mais une présentation qui n’est ni la « thèse en 180 secondes » ni une conférence Ted.
Il ne s’agit pas à ce stade de résumer votre travail en tout cas pas complètement. Tout au plus en souligner les points essentiels.

Schématiquement, les points qui peuvent être abordés (sans que cela soit exhaustif) :

Pourquoi ce sujet a été choisi ?
Était-ce un bon sujet ?
A-t-il présenté des inconvénients imprévus, y avait-il des problèmes de méthode particuliers ?
Comment ont-ils été résolus ?
Y avait-il plusieurs façons de concevoir le sujet ? Quelle option a-t-elle été prise et pourquoi ?

Quelles sont les lacunes ou les insuffisances dont vous êtes vous-même conscient ? Quels sont les événements survenus depuis l’achèvement du travail susceptibles d’en affecter la portée etc
.
Les membres du jury prennent ensuite successivement la parole, en s’appuyant sur leurs rapports (dont vous avez peut-être pris connaissance ce qui est utile).

Il y a ici un point qu’il faut savoir car cela peut être très déstabilisant et c’est une pratique que l’on peut aussi observer s’agissant d’un mémoire.

Généralement, chaque membre du jury commence par exprimer tout le bien qu’il pense de votre travail.

Puis, de manière progressive voire imperceptible, il va commencer à en faire la critique de manière telle que quelquefois on pourra avoir, à la fin, le sentiment que finalement votre travail n’est pas celui qu’il espérait. Ce n’est pas systématique mais certains adorent ce genre d’exercice.

Et c’est ensuite que s’engage la discussion, la soutenance proprement dite.

C’est véritablement un débat au cours duquel il s’agit de défendre un travail original qui propose normalement une « thèse » qui peut être très controversée.

Et vous pouvez entrer en confrontation directe avec un jury qui ne connaît assurément pas le sujet comme vous mais qui peut avoir ses propres certitudes.

D’où l’importance de bien connaître votre jury. C’est un point à mon sens essentiel dans la préparation d’une soutenance.

Ce jury, vous avez quelquefois plus ou moins pu même le choisir. Je ne sais pas si c’est encore possible, mon expérience datant quand même un peu.

Personnellement, j’ai travaillé sur un sujet ultra-pointu (dans le domaine du droit de l’aménagement du territoire, de l’environnement et de l’urbanisme)et il se trouve qu’il n’existait en France à l’époque qu’un seul « grand » spécialiste du sujet.

Le choix en ce qui le concernait a été vite fait.

Quant aux autres, ils avaient été proposés par mon directeur de Recherche. Dans la mesure du possible, il faut se mettre d’accord sur un jury dont les membres ne soient pas trop
« arc-boutés » sur leurs certitudes.

Il importe de bien connaître les travaux des membres du jury afin d’anticiper au mieux leurs critiques et de préparer de cette manière la riposte. Dans certains cas il sera même possible d’orienter le débat ce qui est la situation la plus idéale.

C’est un exercice stressant mais ce n’est pas la partie la plus difficile et il faut savoir que le sort de votre thèse ne se décide pas vraiment à la soutenance.
(dans la mesure où il faut l’accord du Directeur de Recherche et des rapporteurs).

Il faut le voir plutôt comme une sorte un rite, un cérémonial qui clôt une recherche de plusieurs années.

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    Mathilde Bourdat

    Mathilde Bourdat Il y a 7 années

    @ Bruno Callens Un grand merci pour ce complément d’information très précieux. Oui, il y aurait une étude à faire sur les rites en formation, et leur signification symbolique…

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Jean-Louis Il y a 7 années

Merci Mathilde pour ces conseils ..et à très bientôt pour la mise en application.

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COSTA Il y a 7 années

Merci Mathilde pour ces précieux conseils qui en ces heures réflexives me guideront pour finaliser ma soutenance arrivant à grands pas….

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    El mzari Abdelkebir Il y a 7 années

    Bonjour, pour plus d’informations il y a le guide pour la rédaction et la présentation des thèses
    A L’USAGE DES DOCTORANTS * sur le site du Ministère de l’éducation Nationale, Bonne chance à tous.

    Mathilde Bourdat

    Mathilde Bourdat Il y a 7 années

    @El mzari Abdelkebir Merci d’avoir partagé cette information !

    Mathilde Bourdat

    Mathilde Bourdat Il y a 7 années

    @COSTA Merci !

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