Recevez notre newsletter Formation
En renseignant votre adresse email, vous acceptez de recevoir tous les mois les derniers articles du Mag Formation Cegos et vous prenez connaissance de notre politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire via les liens de désinscription. Vos données personnelles sont utilisées dans le cadre strict de l’exécution et du suivi de votre demande par les services CEGOS en charge du traitement. Elles sont nécessaires à l’exécution de ce service. Elles sont conservées pour une durée de trois ans à compter de notre dernier contact. En application de la réglementation sur la protection des données à caractère personnel, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, de limitation du traitement ainsi que d’un droit d’opposition et de portabilité de vos données si cela est applicable que vous pouvez exercer en vous adressant à CEGOS, DPO- Direction des Systèmes d’Information, 19 rue René Jacques, 92798 Issy-les-Moulineaux. Vous bénéficiez également du droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle si nécessaire.

Etes vous un formateur "behavioriste"?

Mathilde BourdatManager Offre et Expertise Formation Cegos

Behaviorisme, constructivisme, connectivisme… les théories sur l’apprentissage se succèdent. Chacune d’elle se focalise sur un objet particulier : comportement observable, processus interne d’apprentissage, liens en jeu dans l’apprentissage…

Nous autres formateurs sommes plus ou moins conscients de nos représentations sur ce qu’est apprendre. Et pourtant, elles sont déterminantes dans nos façons de former. C’est pourquoi j’entreprends cette série de billets, qui a pour but de mettre en regard les grandes théories des apprentissages et la pratique du formateur. Commençons donc par le behaviorisme.

Le behaviorisme : une théorie du conditionnement

La théorie behavioriste considère le comportement observable d’un sujet qui apprend.

Tout commence avec Pavlov, et son expérimentation sur un chien. L’animal est soumis à un stimulus inconditionnel (une appétissante boulette de viande, qui déclenche sa salivation). Lorsque l'expérimentateur lui présente la boulette, il active  simultanément le son d’un métronome (stimulus conditionnel). Après de nombreuses répétitions, le son (stimulus conditionnel) déclenche à lui tout seul la salivation (réponse en terme de comportement observable). L’expérimentateur a donc opéré un conditionnement, dont Skinner montrera qu’il est plus efficace si le couplage stimulus-réponse est suivi d’une récompense : le renforcement positif.

A ceux qui trouveraient déplacés de comparer l’apprenant à un chien salivant à l’audition d’un métronome, rappelons que la théorie développée par Skinner va bien au-delà. Pour Skinner, le sujet n’est pas  passif, car il vise à « obtenir une modification de l’environnement qui aille dans le sens attendu (2- source en bas de billet )».
« Ce qui est conditionné, c’est un comportement volontaire émis pour atteindre un certain but (2)».
Sa motivation à agir (le drive) est « déclenchée par un déséquilibre interne de l’organisme (1)», qui peut être physiologique au départ, puis évoluer vers des niveaux « supérieurs » de besoins, cognitifs ou sociaux.

Tous les motifs d’action, et donc tout apprentissage, fonctionneraient donc selon la séquence :

 besoin -->drive --> action.

Les stimuli à l’origine du « besoin » peuvent être internes (le besoin d’apprendre) ou externes (un dispositif de formation particulièrement attrayant).

Applications pratiques du behaviorisme pour la formation

La première application pratique de la théorie de Skinner a été l’enseignement programmé linéaire, qui repose sur la méthode suivante :

  • Diviser la difficulté en difficultés élémentaires, procéder par petites étapes
  • Proposer peu d’informations à la fois
  • Poser des questions visant à rendre l’apprentissage actif
  • Faire produire la bonne réponse afin que l’apprenant soit en permanence renforcé positivement.

Skinner considère en effet que l’erreur est néfaste pour apprendre. Au terme du cours, 90% des apprenants doivent produire les bonnes réponses, sinon c’est que le cours a été mal conçu.
Le cours est linéaire dans la mesure où il faut s’assurer d’obtenir les réponses justes avant de passer à la partie suivante du cours.

Crowder proposera l’enseignement programmé ramifié. A l’inverse de Skinner, il considère en effet que « l’erreur peut être bénéfique si l’apprenant est immédiatement informé de celle-ci (importance du feed back), s’il en connaît les causes et peut la corriger" (2).
Sa méthode d’enseignement intègre donc les QCM : chaque séquence est suivie d’une série de questions, généralement une bonne réponse et trois mauvaises. Les réponses renvoie l’apprenant sur un corrigé explicatif.

Que faites-vous si vous êtes un formateur « behavioriste » ?

Si vous êtes imprégné de behaviorisme :

  • Vous déterminez soigneusement des objectifs pédagogiques, détaillés finement, qui détermineront la progression de vos participants dans les apprentissages.
    Ces objectifs sont exprimés en termes de « comportements observables », et assortis d’indicateurs permettant de spécifier le plus « objectivement » possible le comportement attendu.
  • Vous vous appuyez sur de multiples stimuli pour déclencher l’acte d’apprendre.
  • Vous faites une évaluation à l’issue de chaque séquence.
  • Vous félicitez chaudement les bonnes réponses, vous revenez immédiatement sur les erreurs
  • Vous privilégiez l’entrainement, la répétition des mêmes exercices pour ancrer les apprentissages

Faisons un pari : nous sommes tous un peu behavioristes.

Cette théorie, formulée par Skinner dans les années 50 du siècle précédent, a été critiquée, parce qu’elle fait l’impasse sur « la boîte noire », sur la façon dont les apprentissages se construisent effectivement au sein de la personne ou du groupe. « Tout apprentissage est ainsi : ce qui le constitue est irréductible aux descriptions comportementales qui peuvent en être faites », écrit Meirieu.
Et bien sûr, il y a des pratiques issues du behaviorisme - ou d'une mauvaise compréhension de celui-ci- qui peuvent être contre-productives, comme :

  • D’imposer à l’apprenant un parcours totalement fermé, découpé en petites séquences présentant peu de liens entre elles,
  • De « faire refaire » (un module e-learning par exemple) en cas d’échec à l’évaluation, alors même que ce module est peut être inadapté à l’apprenant,
  • D’accorder trop d’importance à la formulation des objectifs pédagogiques, et trop peu à la structuration du contenu, aux situations d’apprentissage, aux apprenants eux-mêmes...

D’où l’intérêt d’identifier la théorie sous-jacente à nos différentes décisions en formation, d’en avoir une approche distanciée et critique, afin d’utiliser dans chaque cas la théorie qui nous amènera à considérer ce qu’il faut regarder dans la situation donnée, et à proposer une solution adaptée.

Lire aussi :Etes-vous un formateur constructiviste

Sources:
(1) Traité des Sciences et des techniques de formation. Sous la direction de P. Carré et P. Caspar. Dunod
(2) Pédagogie: dictionnaire des concepts clés. F. Reynal, A. Rieunier
(3) Apprendre... oui mais comment P. Meirieu, ESF

Ecrit par

Mathilde Bourdat

En savoir plus
newsletter image

Recevez nos newsletters

Formation, Management, Commercial, Efficacité pro

Abonnez-vous